Nouvelle saison ! Cette semaine nous vous proposons de découvrir l'écriture sous toutes ses formes. 

Pour ce premier épisode, laissez moi vous présenter Julien. Poète, il nous raconte comment il invite les participants à écrire à partir de contraintes poétiques, notamment à travers ses ballades urbaines et poétiques. D'ailleurs, la prochaine se déroulera le samedi 13 mai (plus d'infos sur l'event).

Julien, 41 ans, poète et comédien

Comédien dans l'Acte 3,  animateur de l'Atelier Ecriture & Interprétation et des Ballades Urbaines et Poétiques

Faire écrire... 

 "Ecrire ça change la vie, c'est ce dont nous faisons l'expérience lorsqu'avec un groupe d'écrivains en herbe nous commençons à le faire. A partir de contraintes formelles et thématiques données, et grâce à elles, toute écriture, dans son exploration de la page blanche, devient d'abord un jeu où un monde et une parole singulière naissent. On entre alors dans la parole. On met le métier d'être soi sur l'ouvrage. Soi et un autre. Un autre que l'on est pour soi-même. Le jeu engage, entraîne, porte, devient enjeu. On donne une forme à son sentiment, du style à son caractère, on offre une architecture, une voix, au présent, une demeure vivante au passé, un réceptacle à l'avenir. On peut alors écrire assis, couché, debout, en marchant, en transport en commun, car nommer, regarder, interroger, c'est déjà, un peu, écrire. On invente alors des stratagèmes et des dispositifs pour susciter un regard neuf sur le monde, laisser advenir l'infini incompréhensible qui se présente sans nom ni forme encore devant soi, le réel dans son abstraction fragmentaire, on marche et on regarde, par exemple, en aval et en amont de la rivière et on s'interroge sur ce que l'on voit : qu'est ce qui conflue ici ? Qu'est-ce que ça veut dire avant et après ? Qu'est ce qui se passe ?... On oublie aussi, on s'en accorde le droit, comme celui de méconnaitre, de redécouvrir, notamment, ce qui est entre les choses, le nommé ou l'innommable ; on note alors les matières, les motifs, les cas de figure, les fantômes, qui passent devant soi comme une gamme, une palette, pour la composition qui va avoir lieu. On choisit enfin un moule, et, en bon artisan, on le pénètre, on y recompose, on y transpose, ces matières : on crée un prisme, le prisme de cet instant, un poème par exemple, ou une fiction, dont on partagera les couleurs, l'émotion, ensemble, si l'on veut."